De l’indépendance en 1958 à nos jours, c’est le même jeu de rôle qui se répète. Un cycle infernal où l’opprimé devient oppresseur, et l’oppresseur, à son tour, se retrouve opprimé. Un ballet macabre où les rôles se renversent, mais où le fond reste le même : la soif de pouvoir et l’incapacité à transcender les instincts primaires.

Saviez-vous qu’un certain Bogola Haba, un Mouctar, voire un Dansa, ont joué un rôle majeur dans les événements de janvier-février 2007 au sein des forces vives ? Ces noms, aujourd’hui, résonnent comme des symboles de l’inconstance guinéenne. Des convictions qui se plient au gré des décrets présidentiels et des flux d’argent. Des alliances tissées et dénouées au rythme des opportunités, trahissant une absence profonde de convictions sincères.

Le Guinéen, dans son essence, ne respecte que ce qu’il soutient au moment précis où il le soutient. L’opinion, comme un serpent qui mue, change de peau à chaque tournant. Aujourd’hui, un discours radical est salué, demain, il est fustigé. La vérité, comme la justice, devient un concept relatif, dépendant des intérêts du moment.

C’est ce même Guinéen qui, au nom de la démocratie, clame son désir d’une société ouverte, qui, dans ce même régime démocratique, rejette l’opinion des autres en la qualifiant de démagogique ou de populiste. Il aspire à la liberté d’expression, mais s’indigne quand elle se traduit par des critiques à l’égard de ses propres idées. Il prêche la tolérance, mais pratique l’intolérance.

Ce paradoxe, ce cycle infernal, témoigne de l’immaturité politique de la société guinéenne. Une immaturité qui nourrit les divisions et entrave tout progrès réel. Jusqu’à quand ce « même guinéen » continuera-t-il à se déguiser sous des masques différents, sans jamais s’affranchir de ses contradictions fondamentales ? La réponse à cette question conditionne l’avenir de la Guinée.

Amadou Kéita