Depuis le 17 septembre 2024, le Tribunal de Première Instance (TPI) de Forécariah examine une affaire d’importation de bois présumément originaire de la Sierra Leone. Selon les informations recueillies, 25 camions transportant des espèces floristiques intégralement protégées auraient été saisis.

Ces camions, chargés de 42 800 planches et 3 220 madriers, seraient la propriété exclusive de quatre personnes : Mme Aissatou Touré, M. Mamadou Aliou Barry, M. Mamadou Aliou, alias Timbo, et Mme Maimouna Conté. La saisie a eu lieu en août 2024, à Pamalap, lors d’un contrôle douanier de routine.

D’après nos sources, le mode opératoire des présumés trafiquants consistait à couper une partie du bois en Guinée, dans la préfecture de Forécariah, à proximité de la frontière, et à l’acheminer ensuite vers la Sierra Leone pour faire croire qu’il provenait de ce pays. Une autre partie du bois aurait également été coupée sur le sol sierra-léonais. Tout le bois, après avoir été stocké, était ensuite chargé dans les camions pour être réintroduit en Guinée, où il était destiné au marché local.

Cependant, en juin 2024, les autorités guinéennes avaient pris des mesures drastiques en interdisant la coupe, le transport, l’importation et l’exportation du bois à travers un communiqué du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD). Les 25 camions saisis en août 2024 étaient donc en violation directe de cette interdiction.

Paradoxalement, il apparaît que deux cadres de l’Office Guinéen du Bois (OGUIB), un service dépendant du même ministère ayant émis l’interdiction, auraient fourni la documentation nécessaire côté guinéen pour faciliter l’exportation du bois. Ces deux cadres, à savoir le Directeur Général et son adjoint, ont été entendus par les officiers de la Brigade Nationale de Lutte contre la Criminalité sur la Faune et la Flore, qui sont en charge de l’enquête après la saisie effectuée par les douaniers.

Le 17 septembre dernier, ces deux responsables de l’OGUIB ont comparu devant le Tribunal de Première Instance de Forécariah, aux côtés des propriétaires des 25 camions, pour présenter leur version des faits dans cette affaire.

Après deux renvois dudit dossier par le tribunal pour des raisons de communication de documentation et de constitution d’avocat, les prochaines audiences permettront d’éclaircir cette affaire, qui relance les questions sur l’implication de certains cadres du Ministère de l’Environnement dans des pratiques contraires à la protection de l’environnement. Cette affaire met également en lumière les défis liés à la gouvernance environnementale, un secteur où la transition guinéenne prône des réformes rigoureuses.

Affaire à suivre…

La rédaction