Chers compatriotes,
En cette année 2024, la Guinée célèbre 66 années d’indépendance. Une indépendance chèrement acquise, et un symbole de la souveraineté d’un peuple qui a refusé de courber l’échine face à l’oppression coloniale. Aujourd’hui, il est essentiel de s’interroger sur ce que signifie réellement cette liberté, sur les avancées réalisées et les défis qui restent à surmonter pour concrétiser la vision de nos ancêtres.
Le 2 octobre 1958, la Guinée a marqué l’histoire en étant le premier pays d’Afrique francophone à dire « non » à la France coloniale, sous la conduite éclairée du Président Ahmed Sékou Touré. Ce jour-là, les aspirations d’un peuple entier ont trouvé écho dans les idéaux de justice, de dignité et d’autonomie. La jeunesse guinéenne de l’époque, avec audace et détermination, a osé rêver d’une nation libre, unie et prospère. Ils ont bâti une vision d’un futur où la justice sociale, l’éducation pour tous, la santé publique, un logement décent et la redistribution des richesses seraient à la portée de tous les Guinéens.
Aujourd’hui, 66 ans après cet acte de bravoure historique, qu’en est-il de cette vision ? Avons-nous réellement honoré l’héritage de nos aînés ? La réponse est à la fois complexe et nuancée. Certes, la Guinée est une nation souveraine, libre de ses décisions, mais les défis économiques, politiques et sociaux auxquels elle est confrontée restent immenses. Le chemin vers l’émancipation totale de notre pays, dans l’esprit des idéaux de 1958, est encore à parcourir.
Cependant, ce que nous devons retenir avant tout, c’est que chaque génération a la responsabilité de renouveler cette quête. Il est de notre devoir, à nous jeunes et citoyens de Guinée, de faire vivre cet héritage en poursuivant la lutte pour une véritable justice sociale, une meilleure répartition des richesses, et un accès universel à l’éducation et aux soins. Nos prédécesseurs ont posé les bases de cette liberté avec courage, à nous de la préserver et de la concrétiser à travers l’unité, la paix et la cohésion sociale.
C’est pourquoi, chers compatriotes, je vous appelle à renforcer notre engagement commun pour l’avenir de notre pays. Il ne suffit pas de célébrer nos victoires passées ; il faut s’en inspirer pour bâtir un avenir où l’égalité, la fraternité et la solidarité deviennent enfin des réalités quotidiennes. En ces moments où notre nation fait face à de nombreux défis, la paix et la cohésion sociale doivent être au cœur de nos actions.
Construire une Guinée meilleure ne peut se faire sans une vision partagée, une vision qui, il y a 66 ans, animaient les fondateurs de notre nation. Aujourd’hui, c’est à nous de reprendre ce flambeau, de croire en nos capacités transformatrices et de travailler ensemble pour faire de la Guinée un modèle de réussite pour l’Afrique et le monde.
Pour ce faire, il est primordial que nous nous réappropriions notre histoire. Les événements de la Semaine Nationale de l’Indépendance nous ont permis de revisiter cette page cruciale de notre passé, et nous devons continuer à puiser dans ces enseignements pour orienter nos actions futures. Les sacrifices consentis par nos aînés pour notre liberté sont trop précieux pour être oubliés ou minimisés. C’est en connaissant et en honorant cette histoire que nous pourrons véritablement assumer notre souveraineté.
Ainsi, en ce 66ème anniversaire de l’indépendance, je vous invite à méditer sur ce que signifie être Guinéen aujourd’hui. La souveraineté ne se résume pas à un simple statut politique; elle s’exprime dans notre capacité à faire de notre nation un espace de prospérité, de dignité et de justice pour tous ses fils et filles. Ensemble, nous devons nous engager à construire une Guinée meilleure, à la hauteur des rêves et des sacrifices de ceux qui nous ont précédés.
Vive la Guinée indépendante ! Vive la souveraineté nationale !
Par Ibrahima Sory Kéita, acteur politique et social guinéen.