Le silence des autorités guinéennes face à l’enlèvement et à la torture de Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier, avait laissé place à une onde de choc et à un sentiment d’abandon général. Pendant près d’une semaine, ni mot ni geste officiel. Mais après la sortie du Procureur Général de la Cour d’Appel de Conakry qui a non seulement condamné mais aussi rassurer d’engager les enquêtes pour élucider l’affaire, c’est au tour du premier ministre guinéen de sortir de son mutisme en s’exprimant au journal télévisé de 20h30.
Certes tardive, cette déclaration n’en est pas moins une tentative de rattrapage. Dans un ton grave et ferme, le chef du gouvernement a condamné un acte qui « ternit l’image de la République » et a exprimé la « profonde tristesse » du gouvernement et du président Mamadi Doumbouya. Il a affirmé que ce crime ciblant Me Traoré constituait une véritable « poignardée » contre la République.
En reconnaissant officiellement la gravité des faits, le gouvernement envoie un signal important : celui d’un sursaut, d’un refus d’ignorer plus longtemps l’inquiétante répétition des actes de violence ciblée. Car l’affaire Me Traoré n’est pas isolée. En février dernier, l’activiste Abdoul Sako subissait le même sort dans une indifférence judiciaire inquiétante.
Le Premier ministre a promis que de tels actes ne seront plus tolérés, insistant sur l’engagement du gouvernement pour la paix et le respect des droits. Il a rappelé les efforts du président Doumbouya à travers les assises nationales et le dialogue interguinéen, comme socle de stabilité.
Mais les discours ne suffisent plus. C’est désormais sur le terrain de l’action : rapide, transparente et impartiale que la crédibilité du gouvernement sera jugée.
Si le gouvernement a tardé à réagir, il n’est cependant pas trop tard pour bien faire. À condition que les promesses d’aujourd’hui deviennent les actes de demain.
T. Oularé